
Les rassemblements féministes pour soutenir les iraniennes qui se dévoilent sont dérisoires, particulièrement en France. Heureusement des citoyen.nes, la société civile, se mobilisent et maintenant, les rassemblements sont en soutien au peuple iranien ce qui regroupe plus de monde. Pourtant, les Iraniennes auraient mérité d’être soutenues par une marée humaine, à fortiori par les mouvements féministes. Toute féministe devrait être solidaire de ces femmes courageuses qui veulent être libres et rejettent le port obligatoire du voile, symbole de soumission au patriarcat religieux et d’apartheid sexuel imposé par les mollahs. Elles meurent pour leur liberté et pourtant les « féministes » #NousToutes et autres ne bougent pas ou si peu, prises dans leurs contradictions : difficile d’un côté de soutenir les groupes qui veulent imposer le voile, et de l’autre, les femmes assassinées parce qu’elles le retirent. Ce constat est sans appel et il faudra bien que les mouvements féministes mainstream se remettent en question. Des femmes violemment opprimées et réprimées mieux défendues par la société civile que par des féministes ? Le »féminisme » du vingt-et-unième siècle est bien malade.
Le Réseau des VigilantEs a été créé il y a sept ans, en 2015. Devant la laïcité bafouée, la montée des intégrismes religieux, la propagation d’un « féminisme » relativiste ne combattant plus l’emprise communautaire des religions et traditions, mais faisant la part belle aux revendications des tenants d’un islam rigoriste, des indigénistes et racialistes, il nous avait semblé urgent de constituer un réseau de féministes laïques.
Sept ans plus tard, force est de constater que la situation n’a fait que s’aggraver et les mouvements féministes mainstream sont désormais incapables de soutenir les femmes qui en ont le plus besoin.
Bien sûr, les VigilantEs ont agi et quelques femmes et hommes suivent le réseau avec intérêt, mais tout compte fait, même si n’avons pas ménagé notre peine, le bilan est plutôt maigre et les conclusions doivent être tirées.
- Sur le blog des VigilantEs nous avons publié plus de soixante-dix textes, analyses et revues de presse, nous avons lancé des pétitions dont l’une a recueilli plus de vingt-quatre mille signatures, nous avons coordonné des tribunes, etc. Il n’y a que 478 abonnés sur le blog des VigilantEs. Dont acte.
- Les VigilantEs sont arrivées sur Twitter en avril 2016, six ans plus tard, le compte Twitter devrait compter au moins 5 000 followers si ce n’est plus, il n’en compte que 2 460. Pire encore, le tweet des VigilantEs avec le texte de soutien aux iraniennes et l’appel à rejoindre la manifestation de la Licra le dimanche 25 septembre, n’a totalisé que 17 retweets quand le moindre tweet stupide sur Twitter est retweeté des milliers de fois. Certain.es sont curieusement bien frileux et sélectifs. Dont acte.
- Les VigilantEs ont été peu relayées ou invitées par les structures politiques et associatifs qui travaillent sur les questions de laïcité, d’égalité femmes-hommes et de féminisme. Pas assez de plateaux dans les colloques, débats ni de tribunes dans des médias. Il n’y avait pas assez d’envie pour un authentique éclairage féministe et laïque. Dont acte.
Quelques exceptions notables mises à part, les médias, universitaires, intellectuels, responsables politiques et associatifs, féministes comme généralistes se sont depuis deux décennies maintenant, massivement rangés derrière le relativisme culturel et le wokisme, se pâmant à longueur de temps devant les « nouveaux féminismes » qui bien souvent ne sont qu’imposture, récupération et dévoiement des fondamentaux du féminisme. Ce qui en réalité arrange pas mal de monde, rien de mieux pour discréditer le féminisme, le déligitimer. En conséquence de quoi, les jeunes femmes intéressées par le féminisme sont majoritairement intersectionnelles, imprégnées des théories queer et de relativisme culturel. Guère étonnant.
Les associations féministes mainstream pour continuer d’exister et recruter ont fait des alliances avec ces « nouveaux féminismes » quand elles ne les ont pas intégrés.
Le féminisme universaliste est marginalisé, quasiment inaudible et désormais le mot féminisme lui-même signifie tout et son contraire, les luttes féministes sont devenues illisibles et parfois contreproductives. Et pourtant, ce combat est bien loin d’être terminé, seulement, il est bien mal mené.
Quelques rares égéries qui se revendiquent du féminisme universaliste sont mises en avant quelque temps par les médias, elles n’ont pas toujours beaucoup de background théorique et associatif et ne durent que le temps d’une mode, pressurisées puis jetées par le rouleau compresseur médiatique. De rares jeunes féministes apparentées au féminisme universaliste se mettent en danger sur les réseaux sociaux en s’enfermant dans une surenchère victimaire, elles personnifient à outrance le combat féministe. Les réseaux sociaux entretiennent cet individualisme. Les très rares groupes et associations féministes universalistes qui surnagent sont en réalité incarnés par une, au mieux deux personnalités, et l’espace médiatique est si restreint, que pour exister, elles se font concurrence.
Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile de produire sur le long terme, un travail collectif conséquent et convaincant. Et l’énergie consacrée n’est pas à la hauteur des résultats. Il ne sert donc à rien de s’acharner sans résultats probants.
Heureusement, deux autres réseaux, l’un de solidarité européenne avec les Afghanes, et l’autre sur les questions d’appropriation du corps des femmes (prostitution, GPA, trans-activisme) se constituent en ce moment. Espérons qu’ils aient plus de succès et ne disparaissent pas trop vite. Certes, ils ne sont pas axés sur les questions spécifiques de laïcité et de féminisme, questions qui méritent pourtant toute l’attention des féministes et plus généralement des progressistes.
Peut-être que dans quelques années, de jeunes féministes s’empareront plus efficacement que nous, des thématiques traitées par les VigilantEs et plus globalement du féminisme universaliste. Peut-être que les associations féministes mainstream finiront pas se rendre compte de l’impasse dans laquelle les ont conduites le féminisme intersectionnel ? L’avenir nous le dira, pour l’instant rien ne l’indique.
Les VigilantEs quant à elles continueront à titre personnel et chacune à sa manière, à témoigner et à agir, à travers leurs écrits pour les unes, engagement politique pour les autres, participation à des mobilisations, etc., mais le Réseau des VigilantEs lui, baisse le rideau. Après sept ans d’existence, les VigilantEs, c’est fini.
Salutations féministes et laïques.
Les VigilantEs
Une réflexion sur « Les VigilantEs tirent leur révérence »
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